Paris – Abidjan : un pont nous est né
Centre culturel Français d’Abidjan ! La dernière fois que j’y avais mis les pieds, c’était il y a 3 ans. Je devais remplir les formalités d’usage en vue de faire des études de journalisme en France. Campus France la structure chargée d’orienter les étudiants dans ce cas, y avait ses locaux.
Apres deux refus de visa sans motivation, malgré la bourse d’étude que je possédais , j’avais résolu, frustrée comme jamais de briser de manière unilatérale l’alliance qui « nous » (les baoulés)* lie à la France. ALLIANCE, oui parce que naturellement en pays baoulé, on considère qu’il y a une alliance entre le blanc précisément le français et ce peuple. Pour le développement de ce volet, affaire à suivre…
Et donc, pour m’avoir refusé ce visa, j’avais « couper l’igname » avec la France parce qu’elle venait de briser mon plus grand rêve à cette époque .
De ce fait j’avais décidé de ne plus mettre les pieds a ces deux endroits : ni au Centre culturel Français, ni a l’ambassade de France, encore moins y faire une quelconque demande. Eh oui j’avais la rage là !
De passage dans la commune du Plateau où se trouvent ces établissements , J’évite de les regarder et même de passer devant. Ridicule peut être mais c’était ma manière à moi de manifester mon mécontentement.
Mais pour raison professionnelle, j’étais obligé ce 31 octobre, 3 ans après le divorce de remettre les pieds dans ce centre culturel français. Et là, J’ai failli ne pas reconnaitre l’endroit… Waou ! Il avait tellement changé.
Comme un jeune amoureux qui revoyait sa dulcinée radieuse après une dispute, ma colère venait de tomber subitement. En voyant cette nouvelle bâtisse, mon « goumin » venait de disparaitre.
Depuis la clôture en passant par le hall tout avait été renouvelé. Plusieurs salles avaient été construites . Et la bibliothèque toujours bien garnie. C’était la plus grande de la sous région. J’étais vraiment épatée. J’avais désormais affaire à l’institut français d’Abidjan.
D’ailleurs c’est pour son inauguration en tant qu’institut français que j’avais fait la queue plus d’une heure. Et cela devrait se faire par le premier ministre français Manuel Valls présent à Abidjan quelques jours auparavant.
« C’est le cœur de la France qui bat à nouveau en Cote d’Ivoire… Il faut bâtir un pont entre l’Afrique et l’Europe et ce pont c’est la culture, c’est l’institut français » a déclaré le premier ministre français.
Il a également souhaité que les étudiants africains partent faire des semestres en Europe et vice versa. Et de préciser que depuis sa nomination en tant que premier ministre en 2012, tout était mis en œuvre pour « lever les obstacles absurdes qui entravaient la venue d’étudiants étrangers en France et en particulier celle des étudiants africains »
Bref j’ai passé cette étape. Et comme-ci j’avais vraiment passé l’éponge sur tout, j’ai également fait une nouvelle demande de visa le 4 novembre dernier et cette fois pas en tant qu’étudiante mais touriste.
De retour de Madagascar, où se tiennent les 45ème assises de l’Union de la Presse Francophone (UPF), j’ai décidé de m’arrêter 2 jours à Paris pour visiter cette ville de lumière parce que la délégation ivoirienne doit passer par la France vu que c’est là qu’elle prend la correspondance pour Madagascar. J’ai donc demandé un visa court séjour.
Deux jours pour vérifier si oui ou non la tour Eiffel est en rouille. Certains de mes amis l’affirment en tout cas. J’espère pourvoir donc même si je ne suis plus étudiante, passer par ce pont qui vient d’être construit par le biais de Manuel Valls.
Le discours a été prononcé, reste à savoir s’il est en adéquation avec les faits !
Baoulé : peuple du centre de la Cote d’Ivoire
* « couper l’igname » : traduction littéral d’une expression en baoulé qui signifer : séparation divorce, rupture
*goumin : douleur, chagrin en nouchi : argot ivoirien
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