Raissa YAO

Pâque ou paquinou, que célébrez-vous?

Aujourd’hui c’est le vendredi saint. C’est le jour où les chrétiens catholiques commémorent la crucifixion du Christ. C’est un jour décisif pour les célébrants de la pâque. En Côte d’Ivoire, pays laïc, les entreprises travaillent la mi-journée. Nous sommes à exactement 48h de la fête de la pâque ou paquinou.

crucifixion du Christ ( loudres)

Pâque et paquinou

Vendredi saint ! après la demi-journée de travail la communauté catholique estimée a un peu plus de 40% de la population effectue le dernier chemin de croix du temps de carême. Vous verrez des processions dans toute la ville et même tout le pays.  Ces croyants braveront le soleil ardent pour vivre la passion du Christ avant sa résurrection du dimanche. Ça c’est le premier groupe. Il y a aussi ceux que ce tohu bohu n’intéresse point. Il y a également un troisième groupe, qui se dirigera vers la sortie d’Abidjan, surtout vers l’autoroute du nord en direction du centre du pays. Ceux-là n’ont rien à faire de la résurrection du Christ mais feront la fête. Ils célèbreront paquinou.

 

La Pâque et le baoulé

Je suis originaire du centre de la Côte D’Ivoire, précisément Baoulé, une ethnie subdivisée en 21 groupes.  Ce peuple est paysan. Il cultive principalement le café et le cacao. Ces cultures pérennes qui ont fait la renommée de la terre d’eburnie.

Cependant le centre du pays ayant une végétation de savane n’est pas adapté pour ce genre de cultures qui poussent en zone de forêt. Il faut donc aller soit sans le sud, dans l’ouest ou à l’est du pays. Raison pour laquelle bien qu’ils ne soient pas de ces localités vous y trouverez beaucoup de baoulé. Notre activité rémunératrice nous contraint donc à être en zone forestière.

Alors durant toute une année, la majeure partie du peuple baoulé – disons les bras valides – restent dans des campements à travailler dur à la production du café et du cacao.

Une fois la vente des fèves terminée et que la saison est bouclée, il est important pour ces paysans de retourner chez eux, dans le centre afin de revoir la famille. Cette période coïncide avec la célébration de la pâque des chrétiens mais aussi les congés des élèves.

Un baoulé heureux de retourner au village pour « paquinou »

À cette période tous viennent de différentes régions forestières pour se retrouver dans leurs villages respectifs. C’est le moyen de permettre aux uns et aux autres de se connaître. C’est un moment privilégié pour célébrer aussi les dots et mariages. L’on en profite pour régler les histoires de famille. En gros c’est une période très importante pour nous les baoulés. C’est aussi une période de réjouissances. Des jeux, des concours sont organisés pour célébrer les retrouvailles. Retrouvailles entres anciens amants, entres cousins et cousines. Les nouvelles relations se tissent également, il y a aussi les ruptures. Tout s’y passe. Je dis bien tout. Je pense que c’est plutôt ce côté un peu pervers de la célébration de cette pâque en pays baoulé qui a fini par attirer les autres ethnies du pays qui chaque année se ruent dans les villages baoulés.

 

 

Pâque c’est aussi le marketing et la politique

Les politiciens se sont un peu accaparés cette fête en pays baoulé. Ils en ont profité pour se faire voir par leurs électeurs et pour se positionner. Inauguration d’écoles, de maternités, de pompes à eau, d’électrification de villages… tout ce qui est en leur pouvoir pour faire parler d’eux et de leur parti politique. Que dire des entreprises ?  c’est une période de choux gras pour elles. Il y font de gros chiffres d’affaire.

D’ailleurs elles préfèrent toutes dire paquinou et les pancartes publicitaires le montrent clairement. Mais d’où vient cette appellation

ambiance de  paquinou credit photo: Jean Delmas Ehui

 

La prononciation et le Baoulé

Le peuple baoulé à un souci de prononciation. Quand il parle le français, il ajoute toujours un « i» à la place du « e » , ou un « ou »  à la fin des mots, qui les rendent inutilement longs. Par exemple pour un nom simple comme « Rose », le Baoulé lui dira « Rosou » ou « rosé ». Si l’on considère que  Paquinou =  paqui+ nou ! appréciez donc le décryptage.

Paqui : le « e » a été bien sûr remplacé par un « i »

Nou : le « ou » que le baoulé rajoute à la fin du mot mais qui dans ce cas de figure signifie temps, période.

Paquinou : C’est donc une contraction du mot Pâque : paqui comme le dit le baoule Et de « Nou » : qui veut simplement dire temps période. Si paquinou a eu tant de succès c’est aussi que tous  vont en pays baoulé pour partager et vivre cette expérience. Parce qu’en réalité il faut la vivre pour comprendre. L’ambiance de paquinou est inexplicable. Autant la vivre pour comprendre.

Ben voilà ainsi défini la pâque et paquinou , de quel côté êtes-vous ?


San Pedro: la prostitution, les mineures et l’argent

San Pedro à accueilli la caravane ansut Blog camp pour sa dernière étape du 18 au 23 janvier 2017. La ville portuaire a confirmé sa réputation de ville où la  prostitution fait rage. Mais grande fut ma surprise de constater que les mineurs étaient concernés par ce commerce du sexe.

J’ai quitté San Pedro avec un tableau plus sombre que celui que l’on m’avait vendu. Reconnue comme une ville où la prostitution se pratiquait ouvertement, j’ai été choquée de voir des mineurs s’y adonner sans que cela ne gêne personne. Je partage donc mon séjour dans cette ville.

credit photo: naijaonpoint.com

La terrasse de la débauche

20 janvier 2017. Assise sur la terrasse de mon hôtel avec des amis, six adolescents en  sortent. Ces enfants, je les avais déjà croisés à deux reprises. Une fois dans les escaliers et une seconde fois devant l’hôtel. Alors que notre équipe hélait un taxi pour aller dîner, eux descendaient d’une manière bruyante d’un véhicule. Je les ai reconnus à leur style vestimentaire mais surtout leurs coiffures. Ils avaient presque tous teints leurs cheveux en jaune. Cinq jeunes garçons avec un style coupé-décalé* et une jeune fille dans une robe rouge plus que sexy. Une vraie femme fatale. Ils avaient tous un sac à dos et donnaient l’air d’avoir fini leur séjour et de rentrer chez eux. Un de mes amis avait lancé pour rigoler.

– Ah elle doit être solide celle-là. Je me demande comment elle se sent ce matin ?

Et un autre de rétorquer

– Pfff, elle ne sent plus rien, elle est habituée. Regarde la marcher. Elle s’en fout.

Effectivement ces adolescents dormaient tous dans la même chambre. J’étais au même étage qu’eux. Des adolescents qui louent une chambre d’hôtel alors que cela n’est pas légal et l’occupent à plusieurs, sans compter qu’il y a une femme parmi, eux comment est-ce possible ?

San Pedro  et ses mineures prostituées

Interrogé par un collègue sur cette situation, le propriétaire de l’hôtel a raconté que c’était vraiment des enfants qui venaient régulièrement pour le week-end. Ils venaient de Soubré, une ville située à peine 1h de là. Mais il a précisé « Ils payaient bien.» Et donc  des enfants avaient le droit de faire des partouzes dans son hôtel au vu et au su de tous parce qu’ils payaient bien.

La veille à cette même terrasse j’étais restée bouche bée face à une situation. Deux  mineures  d’à peine 15 ans vêtues d’une manière très légère semblaient attendre quelqu’un, pour ce que j’ai pu comprendre de leur discussion (je n’avais pas l’intention d’avoir une oreille indiscrète). L’une d’elle  décroche  son téléphone qui crépitait. Fait normal ! Cependant ce sont ses propos qui vont attirer mon attention

– Je te manque ? Ah c’est maintenant que tu sais que je sais B…  Alors que tu as finis de t’envoyer les filles de ton quartier.

Elle raccroche et commence à se moquer de son interlocuteur avec sa copine. Quelques instants après un septuagénaire, un expatrié, arrive à leur table et les embrasse chacune sur la bouche, il s’assied entre les deux.

-Comment vont mes chéries ? Avait-il questionné.

Ce monsieur je l’avais rencontré 1H plutôt à la réception. Comme moi il était venu signaler une coupure d’électricité dans sa chambre. Après leur avoir murmuré à l’oreille les deux filles acquiesçaient de la tête et le suivi  dans sa chambre.

Un autre expatrié pris immédiatement la place. Un garçon de moins de 15 ans s’approcha de lui. Il était tout sale. Depuis mon arrivée dans cet hôtel, il rodait dans les environs. Le monsieur lui donna le verre de thé qu’il avait entamé, ils discutèrent quelque secondes puis l’homme s’en alla. Ils avaient tous les deux  le sourire aux lèvres comme s’ils venaient de conclure une affaire.

Automatiquement le propriétaire du restaurant s’approcha de la table pour la débarrasser alors que le jeune garçon y était encore.

-N’as-tu pas honte ? À ton âge c’est ce que tu fais. Petit que tu es, tu as déjà violé une femme. Tu es un voyou. Tu fais tout ce qui est mauvais.

Il lui faisait des remontrances sans toutefois le chasser de la table. Le petit avec un regard amusé riait sous cape alors que le monsieur était dans tous ses états.

Le sexe et l’argent 

J’avais bien suivi la scène mais sans toutefois comprendre. Un ami qui a senti que je n’avais rien compris m’expliqua que le jeune garçon l’avait approché en début de soirée pour lui demander s’il n’avait pas besoin de « compagnie pour la nuit ». Et lui de répondre qu’il était suffisamment « grand pour se trouver de la compagnie s’il en avait besoin ». Je venais de tout comprendre. Le petit était un proxénète. Si jeune ?

Le lendemain dimanche matin, il était encore là au moment où nous prenions le petit déjeuner. Pour vérifier qu’il était un proxénète, un autre ami  l’approche pour des informations sur les filles de la ville. Le petit de lui faire donc des propositions : -Si je vais chercher une fille pour vous et que je la ramène ici, vous me donnez 3000 fcfa. Mais si je vous accompagne pour que vous fassiez votre choix. C’est 2000 fcfa. Pour les filles il affirme à mon ami qu’elles  proposeront toutes pour leurs services au départ 30.000 FCFA mais que c’était négociable.

Le proxénète mineur

Ce jeune garçon, je l’approchais plus tard pour discuter avec lui. Il avait 13 ans et était originaire du Burkina Faso. Il avait arrêté les cours en classe de CE2 et tenait un tablier (presque vide) jusqu’à à côté de l’hôtel. L’école ne l’intéressait pas vraiment. Il aimait bien cette vie qu’il menait « les tontons » étaient gentils avec lui quand il leur procurait des filles. Apres la formation du lundi, le soir j’ai pu voir certaines étudiantes du matin discuter avec ce gamin de l’hôtel. Elles traitaient avec lui sans aucune gêne. J’ai aussi appris que des jeunes filles venaient d’Abidjan, le vendredi, se prostituaient le week-end et retournaient le lundi matin.

A San Pedro, le commerce du sexe, c’est vraiment à une autre dimension

 

*coupé-décalé : style de musique ivoirienne

 

 

 

 

 

 

 


« Africaine Modèle », pour valoriser la femme africaine

En ce 8 mars où l’on célèbre la journée internationale des droits des femmes dans le monde, c’est avec grand plaisir que j’assiste à la naissance d’Africaine Modèle. Un blog fait sur mesure pour valoriser la femme africaine.

Une nouvelle aventure commence encore pour moi en ce 8 mars 2018. Il s’agit du lancement d’un blog communautaire destiné à faire la promotion de la femme, précisément la femme africaine : Africaine Modèle ! Mais je vous rassure d’avance, ce n’en est pas un de trop (c’est juste au cas où vous l’aurez pensé). Ce blog a sa raison d’être.

logo « Africaine Modèle »

C’est l’idée d’un groupe de journalistes africaines membres de l’union de la presse francophone (UPF) qui ont décidé de se mettre ensemble pour promouvoir les droits des femmes en Afrique et vulgariser leurs activités, afin de contribuer au développement de leurs pays respectifs.

Cette date du 8 mars a été choisie à dessein pour la mise en ligne d’Africaine Modèle. C’est la journée internationale des droits des femmes instituée par l’ONU. Cette journée qui puise ses racines dans la lutte menée par les femmes depuis des siècles pour participer à la société sur un pied d’égalité avec les hommes. Une approche que ce nouveau média compte en faire son cheval de bataille.

En Côte d’Ivoire, le thème retenu pour commémorer ce 8 mars 2018 est « inclusion financière pour l’autonomisation de la femme et de la jeune fille en milieu rural ».

Je n’en parlerai pas plus aujourd’hui simplement parce que je ne laisserai rien voler la vedette à Africaine Modèle, le chouchou qui vient de voir le jour et qui aura certainement l’occasion de développer ce thème plus tard.

D’ailleurs j’arrête de m’étaler ici et vous invite à aller faire votre première visite à Africaine Modèle.

Mais surtout restez avec nous pour vivre ensemble cette aventure.


Daloa et son extraordinaire jeunesse

Extraordinaire ! C’est le mot indiqué pour qualifier la jeunesse de Daloa. D’ailleurs cette ville  a été mon  de cœur dans cette campagne  d’initiation à internet mise en place par l’agence nationale du service universel des télécommunications-tic (ansut) et l’union nationale des blogueurs de Cote d’ivoire (Unbci) pour sillonner le pays. C’était la 4ème  étape de notre tournée.

 

salle de formation à Daloa

En réalité, cette ville est celle que je redoutais le plus dans notre parcours. Elle avait mauvaise presse. Située dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, Daloa est reconnue comme  un point stratégique dans la route des migrants vers l’Europe. L’on la décrit comme étant la porte de la Libye. Il parait qu’elle est plus  proche de l’Europe que l’Algérie n’est de la France. En réalité, il y a un vrai réseau de passeurs.

Je me disais intérieurement qu’ils auraient certainement mieux à faire que de venir écouter une bande de jeunes  leur parler d’internet. Mais j’ai été agréablement surprise le jour de la formation. Apparemment j’avais vite porté un jugement.

Daloa, sa jeunesse  et ses jolis garçons

Enregistrement à l’étape de Daloa

Les jeunes de la ville sont sortis massivement. Chacun dans un style très particulier. On avait l’impression d’avoir affaire à des artistes. Déjà à l’enregistrement ils posaient des questions. Ils voulaient un avant-gout de ce qui se passerait quelques minutes plus tard. Le comble les garçons avaient une drôle de manière de se présenter. Ils  ajoutaient «  joli garçon »  après  avoir donné leurs noms. Pourquoi ? L’un d’eux à qui j’ai posé cette question m’a répondu par une question «  suis-je vilain ? »

Il y a eu des handicapés

Dans la salle, l’ambiance qui y régnait était fraternelle et conviviale. Il y avait une parfaite symbiose entre les formateurs et l’assistance. Il y a même eu des handicapés dont un non voyant  qui ont participé à la formation. A la pause, la cour de la mairie où se déroulait la formation était animée comme si l’on était à une fête foraine. Ces jeunes gens à la fin de la journée de formation se sont engagés à produire du contenu afin de donner une nouvelle réputation à leur belle ville connue autrefois comme  la  « cité des antilopes » mais qui est aujourd’hui est assimilée à l’immigration irrégulière.

En tout cas pour moi, jusque la, Daloa, est la meilleure étape de l’ansut blog camp.


Les chefs de service, ces petits dieux à Daoukro

La caravane ansut blogcamp s’est arrêtée le 15 janvier 2017 dans la région de l’Iffou pour sa 3ème étape. Pour le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y’a eu une forte mobilisation des fonctionnaires à Daoukro. Et les chefs de service aussi!

le corps préfectoral de la région du Iffou

Les fonctionnaires sont venus nombreux de différentes localité  de la région du Iffou pour prendre part à la formation d’initiation à internet instaurer par  L’agence nationale  du service universel des télécommunications –tic (ansut) et de  l’union nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire (unbci). Proviseurs, agents de santé, éducateurs spécialisés ont effectué le déplacement pour se faire former.

lire aussi  Top départ de l’ANSUT Blog Camp

C’était une première de voir autant d’adultes lors de cette caravane. Motivés, Ils ne voulaient vraiment pas resté en marge des nouvelles technologies de l’information

 

Cependant  j’ai été un peu surprise par le comportement de ces cadres de l’administration. Déjà le matin pendant l’enregistrement des participants, les fonctionnaires ont exigé à leur arrivée que l’on s’occupe spécialement d’eux. Ils ont  presque réquisitionné l’une des deux machines qui servaient pour l’enrôlement des participants pour eux. L’un d’eux a lancé «  nous sommes les chefs de services nous n’allons pas quand même faire le rang ! »

Tout pour eux à Daoukro

Apparemment ils n’avaient pas l’intention de se frotter  aux autres participants constitués d’élèves, étudiants et autres salaries qui étaient arrivés de bonne heure  et faisaient la queue.

Quand je rentre dans la salle après avoir enregistré les participants  je me  rends compte que ces fonctionnaires ont fait lever les étudiants qui occupaient les premiers rangs pour prendre leur place et ce avec le même argument, « nous sommes des chefs de service ». Ils étaient assis chacun derrière un ordinateur au lieu de deux sur une machine comme nous l’avons prévu.

 Les chefs de service

Alors que l’heure de la pause approchait, l’un des points focaux de la ville qui avait la maitrise du terrain nous conseille de ne pas  la faire au risque de ne pas pouvoir satisfaire ses chefs de service qui voudront avoir un traitement particulier.

« nous n’allons pas pouvoir les gérer ils vont vouloir se faire servir, manger avant les autres ou encore avoir plus que les autres, ça serait compliqué pour nous ».

Nous suivons donc le conseil du point focal et décidons de finir la formation avant de passer au repas.

Une fois la formation terminée et que l’on annonce les conditions pour avoir un kit-déjeuner pour reprendre des forces, J’entends un monsieur a quelques mètre de moi demander « mais comment cela va se passer pour les chefs de service ? »

Au même moment mon regard croisa celui du point focal qui me fit un clin d’œil comme pour me dire « je vous avait prévenu »

Je suis sortie de la salle sans répondre en me disant intérieurement : « quelle seraient leur attitude s’ils avaient un poste plus important dans l’administration que celui de chefs de service ? » C’est sûr que leurs administrés allaient se prosterner à leur passage.

Quand je pense que sous d’autres cieux le Président de la république partage son repas avec des soldats au front où il se sert lui-même, ici de simples chefs de service ont l’impression d’être des dieux.

Pauvre Afrique !

 

 


L’Ansut blog camp à Béoumi, le vrai centre de la Côte d’Ivoire

L’Agence Nationale du Service Universel des Télécommunications –tic (ANSUT)  et l’union nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire (UNBCI) ont posé leurs valises à Béoumi, le vrai centre de la Côte d’Ivoire, pour la deuxième étape de l’Ansut Blog Camp, une caravane dont objectif est d’initier les populations à l’usage des TIC pour la production de contenus locaux.

La caravane est restée trois jours à Béoumi, entre le 9 et le 11 janvier. Plusieurs choses ont attiré mon attention à Béoumi, une ville que j’ai découverte bien qu’ayant passé mon enfance à Bouaké, ville située à moins de 60 km de là.

 

-le manque d’infrastructures dans la ville.

bagages en main en pleine ville a Béoumi

La terre argileuse que j’ai vu en entrant dans la ville montrait clairement que la ville n’était pas goudronnée.  Mais ça, je vous  assure qu’en tant qu’africaine, ce n’est vraiment pas une surprise, c’est le contraire qui m’aurait étonné ! La stupéfaction est venue quand je me suis rendue compte que nous ne pouvions pas loger dans la ville. Aucun hôtel n’a la capacité d’accueillir notre délégation, constituée de 10 personnes. Waou !

Pour être plus claire, en fait il n’y a pas d’hôtel à Béoumi ! Nous avons été obligés de repartir dormir à Bouaké, autre ville située à 60 km. Nous avons donc fait la navette entre Béoumi et Bouaké pendant 3 jours. Le comble, c’est que nous devions porter nos affaires personnelles sur la tête, alors que nous étions en plaine ville, parce que le bus ne pouvait pas circuler dans la rue…

 

-Béoumi le vrai centre de la Côte d’Ivoire capture

les centres de la France et de la Cote d’Ivoire

 

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Et oui… »Le vrai centre » de la Côte d’Ivoire, comme le disent les habitants de la ville, se trouve à Béoumi. Cela a été affirmé par le bureau national d’études technique et de développement (bnted) en 1994. Je n’en avais jamais entendu parler, pourtant, comme je vous l’ai dit, j’ai grandi à 1 heure de route de Béoumi. Mais finalement j’ai compris le « pourquoi ». Le fameux point central du pays ne ressemble à rien, il n’y a donc pas d’intérêt à aller le voir. Il est matérialisé par une une pierre, en réalité une petite marque de ciment au sol, qui se trouve à côté du lycée de la ville.

Pourtant je suis certaine que l’on pourrait faire de Béoumi, qui est le centre de la Côte d’Ivoire, un endroit touristique qui attirerait  du monde. C’est toujours marrant de dire qu’on a été au centre d’un pays. Mettre cet atout en avant en l’exploitant de façon touristique pourrait être bénéfique pour cette petite localité. Cet atout, unique, pourrait représenter une source de revenu pour sa population, d’autant plus qu’il n’y a pas d’entreprise dans la ville. Cela permettrait d’occuper les jeunes et de lutter contre le chômage dans la région. Un membre de l’équipe qui a vécu en France m’a raconté que le centre du pays est un vrai site touristique. «Il y a un centre commercial, un restaurant… c’est un endroit vraiment attractif ». J’ai compris une fois de plus qu’un blanc ce n’est pas un noir !

 

-Le bébé Geek  (tweet)

J’ai été surprise de voir arriver dans la salle de formation une jeune fille avec un bébé sur le dos. Je me suis d’abord dit qu’elle était de passage… mais non. Elle s’est assise au premier rang, a retiré le bébé de son dos et a commencé à prendre des notes. Elle était bien là pour la formation. « Mon père m’a appelé de Bouaké ce matin pour me parler de la formation ici, alors que j’étais encore au lit. Je me suis levée, j’ai lavé le bébé et nous sommes venus. Nous n’avons même pas eu le temps de prendre notre petit déjeuner » m’a –elle expliqué quand je l’ai approché à la pause. Elle est restée toute la journée avec son bébé de 3 mois dans la salle sans qu’il ne pleure. Il avait d’ailleurs l’air plus concentré que sa jeune mère de 18 ans. Un futur geeck probablement ! Cette jeune femme fut mon coup de cœur de Béoumi.

Bah, voilà mon pkapkatoya* sur l’étape de Béoumi, le vrai centre de la Côte d’Ivoire !

L’aventure Ansut Blog Camp se poursuit. À bientôt pour l’étape de Daoukro !

 

* Pkapkatoya : rapport en argot ivoirien

 


Ansut blog camp:l’Ansut et l’Unbci vulgarisent les tic

 Ansut blog camp est un projet dont l’ objectif  est de briser la fracture numérique qui existe entre Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire et les autres villes de l’intérieur du pays. Il est financé par  l’agence nationale du service universel des télécommunications –tic (ansut), en collaboration avec l’union nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire (Unbci) va parcourir la Côte d’Ivoire pour former la jeunesse à l’utilisation d’internet.

L’équipe d’Ansut blog camp à Ferkessedougou

Ansut Blog Camp!

L’année 2018 commence bien pour moi avec une expérience très particulière : l’aventure ansut blogcamp. C’est un projet commun entre l’agence nationale du service universel des télécommunications –tic (ansut), l’institution étatique qui est chargée de vulgariser les TIC et L’union nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire (Unbci)-  dont je suis membre et qui elle a pour objectif de démocratiser le blogging en Côte d’Ivoire.

Le but de ce projet est de sillonner le pays via une caravane pour non seulement apprendre aux populations comment utiliser internet mais surtout ce qu’est le blogging afin de leur permettre de créer du contenu local.

Internet et ses opportunités

Internet offre d’énormes opportunités à condition de savoir l’utiliser et en profiter. Et ça  Euloge Soro-Kipéa, directeur général de l’ansut l’a bien compris  « il y en a qui ont créé une entreprise rien qu’avec un ordinateur portable, rien qu’avec internet. Juste avec ces outils, on peut changer son avenir, on peut changer le monde et ça il faut y croire. Et avec les jeunes de l’union nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire nous avons trouvé la bonne combinaison »

Le circuit de la caravane Ansut blog camp

les villes qui recevront la caravane ansut blog camp

La caravane ansut blog camp  visitera les villes de Ferkessédougou, Daloa, Daoukro, Béoumi et San-Pedro 04 janvier au 22 janvier 2018 sous le thème  «  les tic pour l’autonomisation de nos communautés »

L’aventure est déjà lancée, d’ailleurs elle a connu un véritable succès lors de sa première étape qui s’est déroulée a Ferkessédougou dans la région du Tchologo , au nord de la Côte d’Ivoire.

vous pouvez lire aussi L’ANSUT Blog Camp refuse du monde à Ferkessédougou

l’etape de Ferkessedougou

La caravane est   en ce jour à Béoumi dans le centre du pays, et la population est mobilisée,  disposée à connaitre internet. Je vous tiendrai certainement au courant de cette étape.  Quant à moi j’en profite pour faire mon tourisme OKLM!*

 

*OKLM: au calme

 


migrants africains: l’Europe dans une rescousse « forcée » via le 5ème sommet UAUE

l’Europe Malgré elle a jugé bon de voler au secours de l’Afrique et de ses migrants  qui l’envahissent.li

 

La jeunesse africaine par sa détermination à rejoindre l’hexagone par voies irrégulières pour un meilleur destin  a obligé l’Europe qui se sentait envahie à se pencher sur son sort. Les résolutions du 5ème  sommet UEUA sur le thème «  investir dans la jeunesse pour un avenir durable » pourraient être un début de solution.

J’ai envie ce matin de tirer mon chapeau à ces jeunes africains qui par milliers prennent de manière irrégulière le chemin de l’Europe  en pensant y trouver leur « Eldorado ». Ils ont réussi par leur détermination à  déplacer  toute l’Europe entière via le sommet union africaine-union européenne en Afrique pour se baisser sur leur sort.

Les européens n’en peuvent plus. Ils sont envahis par les migrants  venus d’Afrique. Ce continent  qui rime avec la guerre, faim, soif, ebola, sida, épidémie,  pauvreté, amertume et que sais-je encore. C’est par contingents que les jeunes nègres ; enfin ceux qui ont la force d’effectuer le périlleux voyage,  débarquent chaque jour sur leur continent pour simplement fuir ces  misères avec pour objectif avoir une vie meilleure.

La route de l’Europe

C’est avec détermination et abnégation que ces jeunes africains quittent l’Afrique pour l’Europe : traverser le désert, la mer et ensuite atteindre l’Europe. Ne dit-on pas que dans la vie tout a un prix ? Eh bien dans cette aventure on peut payer le prix fort qui est la vie.Le désert à perte de vue, le sable certainement chaud à cause du  soleil brulant, les groupes armés, les gros serpents du désert,  les scorpions aux piqures mortelles. Tout ce que montre nationale géo sur le désert et qui peut entrainer des cauchemars. Chapeau mes frères ! La mer, cette eau  qui s’étend  à perte de vue, l’affronter avec une pirogue ou un petit bateau à moteur quand je pense aux  requins, les grosses vagues, les tempêtes  franchement il faut être fou. C’est par milliers qu’ils meurent dans le désert de soif ou abandonnés par les passeurs. C’est par milliers qu’on repêche leurs cadavres dans la Méditerranée.

des migrants dans le dessert

Mais rien, ces jeunes africains ne sont pas découragés. Ils y vont  espérant braver tous ces obstacles et faire partie de ceux qui auront la chance d’atteindre l’Europe. La vie de Bengué , qui n’en rêve pas : tour Eiffel, Champs Elysées, MacDo, quoi que bon nombre de ces migrants n’y ont pas accès et sont obligés de faire face à une autre réalité. Désillusion !

Une fois qu’ils y sont en plus de vivre sur le dos du contribuable du pays hôte. Ils  n’oublient pas de dévoiler  leur comportement de  djoulabougou   qu’ils n’ont pas manqué de transporter avec eux dans leur bôrô3. Ils n’hésitent pas à défigurer l’allure de certains quartiers, le non-respect des règles. Et ça l’homme blanc n’aime pas. A Paris, l’on m’a montré un quartier que tous les blancs ont été obligé de quitter à cause du manque de savoir-vivre de ces migrants. On parle là de  ceux qui ont réussi à s’insérer d’une certaine manière dans le pays. Il y a également les « cousins » qui sont encore dans les camps pour migrants, Parait-il qu’ils sont très exigeants, sachant de leurs soi-disant  droits au point d’embarrasser leur hôte. Je ne vais surtout pas  oublier ceux qui n’ont pu quitter l’Afrique et dont leur rêve européen  a pris fin au pays  de Mouammar Kadhafi. Et dont les sévices que leur ont fait subir les Lybiens indignent  la planète entière  en ce moment.  Chapeau mes frères ! Il faut vraiment avoir envie d’aller en Europe pour tenter affronter tout ceci. Je pense bien que ces milliers de jeunes sont tous fous. Fous d’un lendemain meilleur,  fous de voir Bengué, fous d’avoir des conditions de vie idéales pour eux et leurs familles car dans leur pays, le rêve n’était plus possible. Sérieusement n’ont-ils pas conscience du danger qu’ils courent ?

Quand l’Europe riposte

L’homme blanc à la suite de ce phénomène  nouveau de migrants a décidé de se protéger ainsi que  sa descendance.

En fait, ils ont tout essayé pour décourager  ces  jeunes africains afin qu’ils ne parviennent pas à eux. Ils ont renforcé la police sur les côtes,  en haute mer, aux différentes frontières. Certains migrants racontent qu’en mer, lorsqu’ils avaient des difficultés, les bateaux ne les secouraient plus.  Ensuite il y a eu  l’emprisonnement de certains migrants. ; Puis le rapatriement. On entend dire même que certains pays européens finançaient des groupes armés dans le Maghreb pour infliger des sévices aux africains afin de les décourager. Mais rien, Ils y vont. Je pense que l’homme blanc doit se demander « c’est quoi cette race ? » une vraie peste.

Mais Le blanc n’a rien compris. Le noir est dans sa logique. La souffrance ne  lui fait pas peur.  Ces jeunes sont déterminés à y aller même au prix de leur vie. L’Europe ou rien. Il y a quelques temps,  j’avais entamé une campagne de sensibilisation sur l’immigration irrégulière à travers les publications que je faisais sur ma page facebook afin de décourager ces jeunes aventuriers. Un confrère est venu dans mon in box et m’a dit clairement : « quel est ce système dans lequel seul les blancs en bénéficient. Ce n’est pas juste nous iront tous profiter de cette vie en Europe. Nous avons contribué au développement de leur continent ». Eh oui, ce phénomène ne concerne pas forcement les sans-emploi et rejetés de la société. Des salariés et fonctionnaires laissaient leur travail pour y aller.

Son argument m’est venu en tête en écoutant  un peu les propos du ministre ivoirien de l’agriculture Mamadou Sangafowa lors du forum des affaires Afrique Europe qui a précédé  le 5eme sommet UE-UA. Dans un panel organisé sur la filière cacao en vue  de le développer afin qu’il soit pourvoyeur  d’emplois : «  tant que l’agriculteur ne recevra que 4%  de ce que paye le consommateur final  nous ne sommes pas encore dans l’équité. » En gros pour une  bonne plaquette de chocolat acheté au supermarché à 2000 Fcfa, le planteur ne touchait que 80 Fcfa. Doit-on comprendre que  l’Europe est  donc redevable à l’Afrique d’une certaine manière ?

Finis les roukasskass  des migrants

Tout le scenario mis en place par les jeunes africains  pour rejoindre l’Europe ne sera plus qu’un lointain souvenir bientôt. L’Europe a décidé de régler ce problème à la source. Il y a une urgence dans le camp européen. Oui, elle préfère prendre le taureau par les cornes pour éviter d’être submergée par ces migrants vu que les dirigeants africains semblent ne pas y parvenir. Ils en ont vraiment marre! Le président de la commission européenne Jean Claude Juncker a déclaré à la conférence de presse de clôture du sommet UE-UA à Abidjan : « L’Afrique est un  jeune continent. Nous accordons beaucoup d’importance aux jeunes raison pour laquelle nous allons utiliser le fond d’investissement extérieur de 44 milliards  pour assister sur place nos amis africains.»  Et d’ajouter cette  phrase qui va nous réjouir nous jeunes africains : «  pour les jeunes et les moins jeunes  il faut investir sur place pour donner du travail aux jeunes pour qu’ils puissent trouver leur bonheur  en Afrique. » victoooiiiiiiiire ! l’Eldorado tant convoité en Europe se déplace en Afrique !

Mais entre nous est-ce à l’Europe de venir trouver du boulot pour la jeunesse africaine alors que nos dirigeants clament leur maturité ?

Pauvre Afrique !

 

Bengué. Europe en argot ivoirien

Djoulabougou : terme utilisé pour définir les bas quartiers en argot ivoirien

bôrô: sac en malinké

roukasskass : chorégraphie effectuée dans le coupé-décalé, genre musicale ivoirien qui demande de la souplesse dans les membres

 


Les hôtels, mon métier et moi (2) : le nouveau départ

Après trois mois d’absence, Odonou Lucas est de retour à Abidjan. Il m’a appelé pour qu’on se voie. Honnêtement, vu la manière dont nous nous sommes séparés la dernière fois, je n’avais aucunement envie de revoir sa tronche. Mais face à son insistance, j’ai dû m’y résoudre. Après tout, l’erreur est humaine. Pourquoi pas un nouveau départ ?

Un autre rendez-vous est pris pour un nouveau départ. Mais cette fois, c’est moi qui dirige tout. J’ai pris soin de choisir un endroit autre qu’un hôtel. J’ai opté pour un glacier. J’adore les glaces, surtout celles au chocolat noir ! Comprenez-moi, au moins je peux me vanter avec 1.566.705 tonnes en 2016 d’être ressortissante du premier pays producteur mondial de cacao, cette matière première servant à faire le chocolat.

glace au chocolat: image pris sur le web

Pour ne pas avoir de surprise désagréable, j’ai fixé la rencontre à 17h, une heure raisonnable et j’étais là dix minutes plus tôt. A 16h58 minutes, Lucas fit son entrée dans le glacier. Il me salue d’un air timide avant de s’asseoir en face de moi. Je sentais une petite gêne dans ses yeux lorsque nos regards se croisaient. Du coup, j’ai essayé de détendre l’atmosphère en lui souhaitant la traditionnelle akwaba* avec un grand sourire. Mais c’était peine perdue : il avait toujours ce malaise sur son visage.D’ailleurs, il m’a avoué être à Babi* depuis deux semaines et c’est seulement maintenant qu’il a eu le courage de me contacter.

Je ne vous cache pas que j’aimais bien cette gêne dans son regard qui l’empêchait de me regarder droit dans les yeux. Ça m’amusait.En me remémorant la dernière séparation,  j’avais envie de rire.Lui se jouant le danhéré* avec son verre de whisky en main, attendant de profiter de la «marchandise» avec un air un peu hautain. Et là, je le retrouve en position de faiblesse devant moi ce soir… Huuuum !

Le passé c’est le passé

Au fait, je pense que vous avez le droit de savoir comment j’ai pu me sortir de cette situation humiliante d’il y a quelques mois. Bien évidemment je me suis jetée sur lui en le traitant de tous les noms … Non, je rigole.

J’étais tellement surprise par les événements qu’au lieu de me comporter comme une vraie femme en lui gueulant ou criant dessus et faisant du scandale, j’ai juste refermé la porte derrière moi, et me suis dirigée vers l’ascenseur tranquillement. Dans le taxi qui me ramenait à mon « entrer-coucher »,* mille et une questions me revenaient encore en tête. Comment a-t-il pu penser une chose pareille ?

Mais bon, c’était il y a trois mois, j’ai quand même eu le temps de digérer ce malentendu.Lucas n’as pas voulu tourner autour du pot et est allé droit au but après qu’il ait goûté au cocktail que la belle serveuse venait de lui déposer.

  • Je suis désolé pour ce qui s’est passé la dernière fois. En réalité je n’ai vraiment pas de mot juste pour te présenter mes excuses. Mais je tenais à le faire, je me disais que les mots viendraient tout seuls une fois en ta présence mais je pense qu’ils m’ont vraiment lâché.Pardon ! Avait balbutié Lucas.

J’ai pris le temps d’écouter son speech. A dire vrai, j’avais déjà tout digéré, j’étais là juste pour la forme.Mais j’avais l’occasion de lui poser la question qui me taraudait depuis tout ce temps.Je n’ai pas hésité:

  • Ok, mais je veux bien savoir comment vous avez pu pensez à une chose pareille à mon sujet ?
  • Je ne sais pas si j’ai manqué de discernement avec toi mais je trouve que les filles qui font le trottoir ne sont pas des professionnelles. Les vraies sont passées à une autre étape.
  • Elles ont des stratégies émergentes alors pour utiliser le terme en vogue? C’est ça ? Lui avais-je demandé.
  • (rire) Je ne vous apprends rien je suppose qu’avec votre métier, vous devriez le savoir. Mais te concernant je pense que j’ai tiré la mauvaise conclusion.

Lucas m’a raconté que mon comportement éveillait des soupçons. »Les préservatifs, le gel douche, ta présence dans des hôtels à des heures indues, ta manière de parler à voix basse. En faisant le rapprochement, Je me suis dit que tu m’envoyais un signal. » Avait-il précisé.

La gêne de mon interlocuteur disparaissait au fur et à mesure qu’il parlait. Il m’avoua que je lui avais tapé dans l’œil depuis le premier soir, d’où les phares braqués sur moi pour mieux me regarder.Mais il s’était également demandé de son côté comment je pouvais me prostituer au lieu de chercher un boulot raisonnable.

  • Et même si je le faisais vraiment, est-ce une raison de traiter une femme de la sorte ? «rassures toi,  tu seras payée. Peut-être même au-delà de tes espérances.» Ce n’est pas digne d’un gentleman bon enfin si tu l’es.

Lucas continuait son déballage, me précisant qu’il avait souvent pensé à moi depuis le soir devant la pharmacie.Il dit avoir été frustré par le fait que je l’évitais, raison pour laquelle il s’est comporté de la sorte avec moi.

-si les autres payaient pour coucher avec toi pourquoi me faire tourner en rond. Mais rassure toi, je ne m’étais jamais comporté ainsi avec une femme y compris  celles que je payent pour … Mais depuis je suis vraiment soulager que tu ne sois une P … Même si j’ai un peu honte je suis content de te revoir.

Mon interlocuteur avait beaucoup parlé et c’était à mon tour de lui dire quelque chose :

-J’accepte tes excuses. Et comme je te l’avais dit la dernière fois, je suis journaliste, raison pour laquelle je suis la plupart du temps dans les hôtels mais à des cérémonies. C’est à ces endroits qu’ont lieu les manifestations. J’en ai profité pour lui expliquer ce qui a fait la cause du quiproquo. J’ai donc mentionné que j’avais reçu les préservatifs suite à une visite que j’avais effectuée au CHU de Treichville. Concernant l’hôtel Tiama, je venais remettre de l’attiéké* à un confrère guinéen qui rentrait ce jour même chez lui et devait donc quitter l’hôtel à 8h pour l’aéroport : d’où ma présence à cette heure matinale pour qu’il ait le temps de les ranger. Pour le dernier appel, je sortais d’un dîner avec plusieurs autres confrères et le service de communication d’un ministre pour une future mission.

  • Autres préoccupations ? lui avais-je demandé avec un air moqueur
  • NON

Le nouveau départ

La conversation avait continué et puis nous avions commencé à discuter de tout et de rien comme si nous nous étions toujours  fréquentés. J’étais à ma 3ème  glace au chocolat en 1h. Subitement, je me suis rendue compte quand il riait qu’il avait une belle dentition. Je découvre aussi qu’il n’est pas mal comme mec.

Et puis, pendant que j’y pense, j’ai eu le temps de l’admirer véritablement lorsqu’il rentrait dans le glacier. En cinq secondes je l’avais passé au scanner. Il était tout frais comme s’il venait de prendre une douche. 1m96 environ, une petite couronne grisonnante montrant bien sa maturité. Sa masculinité s’affichait par un buste bien ferme. J’imaginais le nombre d’heures qu’il passait en salle pour avoir un tel corps. Aucune graisse au niveau du ventre.On était tous les deux détendus et nous tapions dans la main en discutant. Il m’apprit qu’il était veuf depuis 3 ans avec un petit garçon de 5 ans. Voilà maintenant trois heures que nous étions là et n’avions pas vraiment envie de nous séparer. Nous avions convenus de dîner ensemble dans quarante-huit heures.

Il parait que les vraies amitiés commencent toujours par une bagarre. J’aimerais savoir comment les vraies histoires d’amour commencent parce que nous en sommes déjà à deux bagarres en trois rencontres. Et apparemment ça commence à « coller » entre nous. Je pense que c’est un nouveau départ.

Fin !

 

*Akwaba : la bienvenue

*Attiéké : semoule de manioc

*Babi : Abidjan

*Entrer-coucher : studio à l’ancienne,sans toilettes ni cuisine

*Danhéré : dangereux en argot ivoirien


Les hôtels, mon métier et moi (1): confusion

les hôtels, j’y suis régulièrement pour des raisons professionnelles. J’ai souvent connu des situations embarrassantes dans l’exercice de mon métier : humiliation par une autorité, bousculade par un bodyguard,  mais je ne m’étais jamais   imaginée dans  celle la.

 Les hôtels et moi

Les Hôtels à Abidjan j’en connais assez ! J’y passe beaucoup de temps et surtout les grands de la ville. Tout s’y déroule : conférences, débats colloques  auxquels je dois nécessairement assister. Les hôtels sont   également les lieux indiqués pour mettre la main sur « les grands » du pays. Sur les 7 jours de la semaine je fréquente les hôtels au moins 5 jours et même parfois 6 /7. C’est bien sûr pour le boulot… J’oubliais de préciser, je ne suis pas hôtelière.

mon arsenal de travail

A part travailler dans  le domaine de l’hôtellerie, quel autre métier pourrait emmener une jeune femme à passer la claire partie de son temps dans un wottro*?
Cette question je suppose qu’ Odonou Lucas se l’ai posée sauf qu’il a dû  choisir la mauvaise réponse. Depuis notre première rencontre qui remonte à  plusieurs mois, nous n’avons vraiment pas eu le temps de nous revoir. D’ailleurs cette rencontre ne s’est pas faite de la meilleure des manières.

A la descente du boulot un soir, je fais un tour à la pharmacie pour prendre des cachets  à cause d’une migraine qui ne me lâchait pas depuis l’après-midi. Il fallait que je la traite pour ne pas avoir à me réveiller avec la douleur le lendemain matin.

Odounou Lucas, lui faisait sa manœuvre pour sortir du parking un peu fourni de la pharmacie à cette heure de pointe. Comme il n’éteignait pas ses phares qu’il avait braqués  sur moi depuis  un moment. Je me suis mise en colère et  l’ai menacé avant de rentrer dans l’officine.

 La fausse baoulé

10 min après, alors que je ressortais de la pharmacie une voiture me klaxonna dessus avant de me faire signe de m’arrêter. Mon dammage* à pousser le véhicule à  me dépasser puis garer un peu plus  loin devant moi. Le conducteur attendait que j’arrive à son niveau. Dès que j’atteignis la voiture, le mec ouvre la portière, descend  de la voiture et se présente. Surprise par son geste, je m’arrête un instant avant de décliner mon identité. Mais lui semble étonné quand je dis mon nom et le répète :
-Yao Raïssa ?
-Oui … mon nom   vous pose problème ?
-Non, mais si vous êtes originaire du centre de la Cote d’Ivoire, je pense sincèrement que vous n’avez pas l’attitude d’une  femme baoulé.
-Ah bon ?
D’après son explication bien que j’ai un nom du centre du pays, je n’ai pas le tempérament doux et calme qui caractérise les femmes de cette région. J’avais plutôt celui de celles de l’ouest du pays, un tempérament chaud. En sus, il estime que  mon prénom   «  a une consonance nordiste » avait-il ajouté.

En fait  Odonou Lucas  n’est pas ivoirien. Il est d’origine béninoise. Cependant il avait fait  son collège à Divo dans l’ouest du pays. Son second cycle, il le fait  à Yamoussoukro dans la capitale politique ivoirienne. Il a donc côtoyé le peuple baoulé auquel j’appartiens et confirme que c’est un peuple facile  et accueillant quant aux femmes, il atteste leur douceur et leur calme. Alors pourquoi cette agressivité  de ma part? m’interrogea-t-il
-Je suis l’exception qui confirme la règle. Lui avais-je répondu…

Notre conversation avait donc pris fin sur l’échange des numéros et depuis, Nous nous sommes contentés de communiquer via le téléphone ou encore les réseaux sociaux à cause des emplois du temps qui ne concordaient pas donc difficile de se revoir.

Le sac au contenu douteux

Au fait, pendant notre courte discussion, en voulant ranger le médicament que j’avais en main, mon sac qui n’était pas fermé tomba aux pieds de mon interlocuteur et le contenu se vida laissant paraitre plusieurs préservatifs qui s’éparpillaient sur le sol.  J’avais également un gel douche d’un hôtel dans mes affaires … La honte !

le sac au contenu douteux

Je les ramassai et les remis tous dans mon sac tout en évitant le regard surpris de l’interlocuteur qui venait d’étouffer un cri. Heureusement que la conversation ne prit pas beaucoup de temps.
Deux jours après notre rencontre mon nouvel ami  m’appelle à 7h du matin pour prendre de mes nouvelles. » Je suis à l’hôtel Tiama. Peux-tu me rappeler plus tard » Lui avais-je répondu  à voix basse. Pour le second appel, il était 22h. Après les salutations je lui dis tout doucement que je le  rappellerai incessamment parce qu’étant à l’hôtel « bellecote ». Quant au  3ème  appel après notre rencontre, c’est moi qui l’ai émis pour lui présenter mes excuses de n’avoir pas pu le joindre la veille alors que je hélais un taxi. Mon interlocuteur a donc entendu à l’autre bout du fil quand  je parlais au taximan.   » Résidence Koriet ». Le même soir il m’envoya un sms pour me demander  de lui indiquer un hôtel  en zone4 ou il  avait un rendez-vous, ce que je fis brillamment.

Quiproquo !

Après plusieurs rendez-vous qui n’ont pu se concrétiser, Lucas m’annonce qu’il part en voyage pour une longue période et aimerait que malgré nos plannings chargés, que nous nous voyions avant son départ, j’accepte de faire ce sacrifice.
La rencontre est donc prévue au café d’un  hôtel, que je connais d’ailleurs.  eh oui, encore un hôtel. Sauf que j’arrive avec 30min de retard. Quand j’appelle  Lucas pour lui faire part de ma présence, il me demande de le rejoindre au 3ème  étage parce qu’il était monté pour passer un coup de fil important vu qu’il m’avait assez attendu. Sans arrière-pensée, je suis ses instructions… Je monte au numéro de chambre indiqué. Il m’avait précisé qu’elle n’était pas fermée et que je pouvais rentrer sans frapper. Mais lorsque je pousse  la porte  déjà entrouverte,  je me retrouve  nez à nez avec Lucas tout nu, sirotant un verre de whisky. Toute confuse mon premier réflexe est de ressortir  tout en lui présentant mes excuses.
–  Je suis vraiment désolée….
–  Non reste ! Je t’attendais ainsi c’était pour ne pas qu’on perde du temps. J’ai un avion à prendre tout à l’heure.
-Qu’on gagne du temps ? Pour quoi ? Et pourquoi êtes-vous nu comme un ver de terre ?
-Attends, rassure toi,  tu seras payée. Peut-être même au-delà de tes espérances. Ton enveloppe est déjà  sur la table.
-Quoi ? Vous plaisantez j’espère. Payer à quoi faire ?  Vous pensez que je suis une prostituée ?

D’un air ébahi, il me regarda quelques secondes avant de redescendre sur terre.

-Merde ! Je me trompe ? me demanda-t-il

-Oui ! Et sur toute la ligne d’ailleurs. Je suis JOURNALISTE….

 

…La suite dans le prochain billet.

 

*wottro : hôtel en argot ivoirien

*dammage : ignorer en argot ivoirien