San Pedro: la prostitution, les mineures et l’argent

Article : San Pedro: la prostitution, les mineures et l’argent
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17 mars 2018

San Pedro: la prostitution, les mineures et l’argent

San Pedro à accueilli la caravane ansut Blog camp pour sa dernière étape du 18 au 23 janvier 2017. La ville portuaire a confirmé sa réputation de ville où la  prostitution fait rage. Mais grande fut ma surprise de constater que les mineurs étaient concernés par ce commerce du sexe.

J’ai quitté San Pedro avec un tableau plus sombre que celui que l’on m’avait vendu. Reconnue comme une ville où la prostitution se pratiquait ouvertement, j’ai été choquée de voir des mineurs s’y adonner sans que cela ne gêne personne. Je partage donc mon séjour dans cette ville.

credit photo: naijaonpoint.com

La terrasse de la débauche

20 janvier 2017. Assise sur la terrasse de mon hôtel avec des amis, six adolescents en  sortent. Ces enfants, je les avais déjà croisés à deux reprises. Une fois dans les escaliers et une seconde fois devant l’hôtel. Alors que notre équipe hélait un taxi pour aller dîner, eux descendaient d’une manière bruyante d’un véhicule. Je les ai reconnus à leur style vestimentaire mais surtout leurs coiffures. Ils avaient presque tous teints leurs cheveux en jaune. Cinq jeunes garçons avec un style coupé-décalé* et une jeune fille dans une robe rouge plus que sexy. Une vraie femme fatale. Ils avaient tous un sac à dos et donnaient l’air d’avoir fini leur séjour et de rentrer chez eux. Un de mes amis avait lancé pour rigoler.

– Ah elle doit être solide celle-là. Je me demande comment elle se sent ce matin ?

Et un autre de rétorquer

– Pfff, elle ne sent plus rien, elle est habituée. Regarde la marcher. Elle s’en fout.

Effectivement ces adolescents dormaient tous dans la même chambre. J’étais au même étage qu’eux. Des adolescents qui louent une chambre d’hôtel alors que cela n’est pas légal et l’occupent à plusieurs, sans compter qu’il y a une femme parmi, eux comment est-ce possible ?

San Pedro  et ses mineures prostituées

Interrogé par un collègue sur cette situation, le propriétaire de l’hôtel a raconté que c’était vraiment des enfants qui venaient régulièrement pour le week-end. Ils venaient de Soubré, une ville située à peine 1h de là. Mais il a précisé « Ils payaient bien.» Et donc  des enfants avaient le droit de faire des partouzes dans son hôtel au vu et au su de tous parce qu’ils payaient bien.

La veille à cette même terrasse j’étais restée bouche bée face à une situation. Deux  mineures  d’à peine 15 ans vêtues d’une manière très légère semblaient attendre quelqu’un, pour ce que j’ai pu comprendre de leur discussion (je n’avais pas l’intention d’avoir une oreille indiscrète). L’une d’elle  décroche  son téléphone qui crépitait. Fait normal ! Cependant ce sont ses propos qui vont attirer mon attention

– Je te manque ? Ah c’est maintenant que tu sais que je sais B…  Alors que tu as finis de t’envoyer les filles de ton quartier.

Elle raccroche et commence à se moquer de son interlocuteur avec sa copine. Quelques instants après un septuagénaire, un expatrié, arrive à leur table et les embrasse chacune sur la bouche, il s’assied entre les deux.

-Comment vont mes chéries ? Avait-il questionné.

Ce monsieur je l’avais rencontré 1H plutôt à la réception. Comme moi il était venu signaler une coupure d’électricité dans sa chambre. Après leur avoir murmuré à l’oreille les deux filles acquiesçaient de la tête et le suivi  dans sa chambre.

Un autre expatrié pris immédiatement la place. Un garçon de moins de 15 ans s’approcha de lui. Il était tout sale. Depuis mon arrivée dans cet hôtel, il rodait dans les environs. Le monsieur lui donna le verre de thé qu’il avait entamé, ils discutèrent quelque secondes puis l’homme s’en alla. Ils avaient tous les deux  le sourire aux lèvres comme s’ils venaient de conclure une affaire.

Automatiquement le propriétaire du restaurant s’approcha de la table pour la débarrasser alors que le jeune garçon y était encore.

-N’as-tu pas honte ? À ton âge c’est ce que tu fais. Petit que tu es, tu as déjà violé une femme. Tu es un voyou. Tu fais tout ce qui est mauvais.

Il lui faisait des remontrances sans toutefois le chasser de la table. Le petit avec un regard amusé riait sous cape alors que le monsieur était dans tous ses états.

Le sexe et l’argent 

J’avais bien suivi la scène mais sans toutefois comprendre. Un ami qui a senti que je n’avais rien compris m’expliqua que le jeune garçon l’avait approché en début de soirée pour lui demander s’il n’avait pas besoin de « compagnie pour la nuit ». Et lui de répondre qu’il était suffisamment « grand pour se trouver de la compagnie s’il en avait besoin ». Je venais de tout comprendre. Le petit était un proxénète. Si jeune ?

Le lendemain dimanche matin, il était encore là au moment où nous prenions le petit déjeuner. Pour vérifier qu’il était un proxénète, un autre ami  l’approche pour des informations sur les filles de la ville. Le petit de lui faire donc des propositions : -Si je vais chercher une fille pour vous et que je la ramène ici, vous me donnez 3000 fcfa. Mais si je vous accompagne pour que vous fassiez votre choix. C’est 2000 fcfa. Pour les filles il affirme à mon ami qu’elles  proposeront toutes pour leurs services au départ 30.000 FCFA mais que c’était négociable.

Le proxénète mineur

Ce jeune garçon, je l’approchais plus tard pour discuter avec lui. Il avait 13 ans et était originaire du Burkina Faso. Il avait arrêté les cours en classe de CE2 et tenait un tablier (presque vide) jusqu’à à côté de l’hôtel. L’école ne l’intéressait pas vraiment. Il aimait bien cette vie qu’il menait « les tontons » étaient gentils avec lui quand il leur procurait des filles. Apres la formation du lundi, le soir j’ai pu voir certaines étudiantes du matin discuter avec ce gamin de l’hôtel. Elles traitaient avec lui sans aucune gêne. J’ai aussi appris que des jeunes filles venaient d’Abidjan, le vendredi, se prostituaient le week-end et retournaient le lundi matin.

A San Pedro, le commerce du sexe, c’est vraiment à une autre dimension

 

*coupé-décalé : style de musique ivoirienne

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires

Serge Farell
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Merci à toi Raïssa pour ce papier qui met en lumière tous les maux qui minent la ville portuaire de San Pedro.

Raissa YAO
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il faut qu'on en parle pour que la situation change

YEO
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Et oui, et ainsi,nous courons au quotidien vers la perte de toutes nos valeurs.
Triste réalité !
Un Regard indiscret qui trouve tout son sens.

Raissa YAO
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je pense qu'on peut toujours trouver une solution

LECOMTE Benoit
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OUPS !

Raissa YAO
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tu es baoulé?